La bataille du rail transfrontalier : Perpignan, futur centre du monde ferroviaire du sud de l’Europe

Dans un an –le 14 décembre 2020- les patrons du réseau de chemin de fer espagnol ne seront plus les mêmes, car, dans le cadre de la libération ferroviaire imposée par Bruxelles, le marché du rail s’ouvrira à d’autres opérateurs.

Le grand concurrent de la Renfe sera bien évidemment la SNCF, mais d’autres opérateurs régionaux publics tels que Ferrocarrils de la Generalitat seront en lice, ainsi que des opérateurs privés.

La compagnie ferroviaire catalane FGC souhaite faire passer ses trains rapides régionaux sur les voies royales de la grande vitesse. Ce projet permettrait de placer Perpignan au coeur d’une trame ferroviaire à grande vitesse reliant Tarragone, Lleida, Barcelone et Gérone- les 4 capitales régionales de la Catalogne reliées par l’AVE-, avec Toulouse, Narbonne, Carcassone et Montpellier. Est en jeu également, le futur titulaire de la navette ferroviaire entre Barcelone et son aéroport.

Mais les parts les plus succulentes du gâteau ferroviaire -particulièrement convoitées par les gros opérateurs- se jouent au niveau des trois grands couloirs à grande vitesse : le Madrid-Barcelone, le fameux Corridor méditerranéen et le Corridor andalou, qui reliera Madrid à Séville et à Malaga.

C’est là que la SNCF livrera sa grande bataille contre la Renfe. Il semble convenu que la Renfe est l’opérateur favori pour l’exploitation de la ligne à grande vitesse entre Madrid et Barcelone. Il est vrai que son offre est imbattable puisque la compagnie espagnole garantirait 20% de convois supplémentaires sur cette ligne.

Mais la SNCF -via sa filiale Rielsfera- propose d’exporter sur l’ensemble du réseau à grande vitesse espagnol, son modèle Ouigo, à bas coût, qu’elle exploite en France. La Renfe propose un projet comparable, mais à des tarifs plus élevés. Face à d’autres possibles gros concurrents européens, la SNCF a l’avantage de maîtriser la difficulté de la différence des largeurs de voies entre l‘Europe et l’Espagne, grâce à des essieux modulables.

Pour le reste, beaucoup de monde se bouscule au portillon. Une trentaine de sociétés figurent au “registre spécial ferroviaire” ouvert par l’administrateur public du réseau ferroviaire espagnol Adif.

Des sociétés privées telles que Ferrovial, le fabriquant de trains Talgo,-qui s’est allié avec Ilsa (Sociedad intermodal del Levante SA, la filiale d’Air Nostrum) ; ou d’autres, comme la principale compagnie de chemins de fer allemande privée Deutsche Bahn ; ou encore, les compagnies de transport par autobus Elsa et Avanza, veulent, elles aussi, leur part du gâteau.

D’ores et déjà, la bataille du rail est en train de se livrer. Au 1er novembre dernier, 4 grands opérateurs étaient en lice à l’expiration du dernier délai échu le 30 octobre. L’Adif assure qu’avant la fin de l’année, une fois passé le contrôle du superviseur des marchés espagnol (CNMV), les jeux seront faits, car les contrats doivent être signés avant le 15 mars prochain.

(source: L’indépendant)